Dans le contexte de changement qui caractérise aujourd’hui
notre pays sur les plans politique et social et l’ensemble des systèmes
éducatifs de l’espace francophone, il est plus qu’impératif après la tenue des
Etats Généraux de l’Education de Mai
2010, de prendre à nouveau du recul pour cerner les réalités de la profession
enseignante surtout dans un Gabon émergent.
C’est fort de ce sentiment d’échec caractérisé par des
résultats médiocres aux différents examens nationaux, des abandons et des
redoublements élevés que le Gabon a
organisé les Etats généraux de 1983 et
de 2010 et a entrepris un certain nombre de réformes qui à mon sens n’ont pas
donné des résultats attendus. C’est également fort de ce sentiment d’échec que
le président de la République dans son programme de campagne « l’avenir en
confiance » a priorisé l’éducation et la formation. Car chacun d’entre
nous reconnaît que le développement tous azimuts d’un pays passe
inéluctablement par la formation de ses enfants. Le Président de la République
parle d’un Gabon émergent incluant le
Gabon vert, le Gabon industriel et le Gabon des services. Or le socle de tous ces Gabons si je puis m’exprimer ainsi, repose sur l’éducation et la
formation.
L’efficacité et le moteur de la
réussite scolaire dépendent du chef d’établissement et de la manière dont il
dirige son établissement et du leadership qu’il utilise pour gérer son
établissement. Ceci est d’autant vrai qu’il paye les frais des échecs de ses
élèves aux différents examens . Ceci est d’autant vrai que la plupart des chefs
d’établissements n’assument pas efficacement leurs rôles. Ceci est d’autant
vrai qu’ils passent la plupart de leur temps enfermer dans leur bureau cossu
alors qu’il leur est demandé aujourd’hui d’user d’un mana gement baladeur.
Toutefois affirmer qu'ils sont les seuls responsables de
la « déliquescence » du système éducatif gabonais serait une utopie. Vous les
connaissez autant que moi les restrictions ou encore les points faibles de notre système éducatif.
La thématique est assez
explicite « quel type d’enseignant dans un Gabon
émergent ? » nous allons avoir une vue prospective de ce que doit
être un enseignant efficace dans un Gabon émergent. Avant de répondre à cette
question, je vais dans un premier temps expliquer les termes
« enseignant » et « Gabon émergent ». Ensuite je vais
définir le type d’enseignant dont le Gabon émergent a besoin , voir ce que le
pays attend de cet enseignant. Enfin dans la dernière partie, je vais
proposer les facteurs qui peuvent
motiver les enseignants à devenir efficaces.
QU’EST-CE-QU’ENSEIGNER ?
Dès que l’on aborde les problèmes scolaires, les expressions
éduquer et enseigner entrent en jeu et se confondent. Il est alors important de
comprendre le sens de ces mots.
Selon l’étymologie, le verbe éduquer qui vient du latin
educatore signifie « nourrir, apporter ou transmettre des données pour
conduire de l’obscurité vers la lumière »
Dans son livre « comprendre les sciences de
l’éducation » Tsafak écrit ;
« l’enseignement vient du latin insignare qui veut
dire faire un signe sur quelque chose, marquer d’un signe, faire connaître.
Enseigner c’est apprendre quelque chose à quelqu’un, lui transmettre les
connaissances.
Dans ce sens enseigner et éduquer se recoupent et ont tous
deux presque une même fonction. Tsafak définit alors l’enseignement
« comme l’ensemble des influences, des évènements sélectionnés, planifiés
pour initier, activer et soutenir l’apprentissage chez l’humain »
Mais qu’est-ce qu’enseigner ?
·
Une profession : l’ENS, L’ENSET, les ENI
ont été crées pour assurer la formation professionnelle des enseignants. Il
s’agit de « faire passer le futur enseignant de la position de celui qui
apprend à la position de celui qui fait apprendre ». Enseigner c’est
transmettre à tous les élèves et donc être capable de s’adapter à des
situations variées , à des publics différents
·
Un métier : les écoles de formation sont
organisées par niveau et par discipline ( ENS,ENSET). Il existe plusieurs
métiers au sein de la profession : instituteurs, professeurs d’écoles, des
CES, des lycées,d’EPS,d’ARTS,surveillants, CP, IPEN…
·
Une vocation : l’enseignant est
fonctionnaire. Il appartient donc au service public. Il doit adhérer à la
politique éducative de son pays et respecter les textes réglémentaires
·
Un art : comme le médécin, l’ingénieur
agronome, l’enseignant doit avoir la sagesse d’apprendre son métier avant de
l’exercer comme art.
QU’EST – CE- QU’UN GABON EMERGENT ?
Dans son programme de politique générale du gouvernement de
la République présenté par Monsieur Paul
BIYOGHE MBA devant l’Assemblée Nationale le 26 novembre 200, Monsieur le
Premier Ministre dit que le Gabon émergent c’est le Gabon ;
·
Où des valeurs fondamentales sont partagées,
l’union, le travail, la justice, l’équité, la conscience écologique, l’effort,
le mérite et naturellement la paix, le développement, le partage
·
Où existe une économie des services portée sur
une infrastructure numérique de pointe structurée dans tous les secteurs
d’activité dont la formation et le développement professionnel.
·
C’est le Gabon industriel, le Gabon vert, le
Gabon des services
Pour réaliser ce programme ambitieux, il faut pour le Gabon,
des cadres bien formés, des têtes pleines et bien faites. Comme je l’écris plus
haut, tout ceci par une formation de qualité, par un système éducatif cohérent
et efficace.
QUEL TYPE D’ENSEIGNANT DONT LE GABON EMERGENT A
BESOIN ?
La profession enseignante aujourd’hui au Gabon n’est plus
celle qui jadis était tout rose. Ses problèmes sont légion du sommet à la base
en commençant par la baisse drastique des salaires déjà dévalués à 50% depuis
1994 au Sénégal, la non prise en compte des avancements automatiques et des
titularisations. Comment expliquer qu’un enseignant reste plus de dix ans sans
être titularisé et avancé ? Comment comprendre qu’un enseignant reste plus
de cinq ans sans texte d’intégration ?
A y regarder de près, l’enseignant au Gabon vit dans un dénuement presque
total. Combien roulent-ils dans des voitures ? Et quelles voitures ?
Combien logent –ils dans leur propre maison ? Malgré les conditions de vie
difficiles, l’enseignant au Gabon où qu’il soit fait de son mieux pour bien
assumer son rôle et remplir ses devoirs. Il a adhéré à la politique de
l’émergence du nouveau chef de l’Etat qui souhaite faire du Gabon un pays
émergent qui a besoin d’enseignants efficaces, respectueux des lois et textes
reglémentaires, dévoués comme ils le sont déjà, aimant profondément leur pays.
. Un enseignant efficace est
celui qui :
caractéristiques
|
indicateurs
|
Maîtrise le contenu et la méthode pédagogique de ou des matière(s)
enseignées
|
·
Aptitude à interpréter le programme scolaire
·
Faire preuve d’une bonne maîtrise de la discipline
enseignée
·
Aptitude à utiliser et diversifier les
méthodes et procédés pédagogiques
|
Prépare ses cours et élabore une planification de ses cours
|
·
Planifie son enseignement en tenant compte du
calendrier scolaire et des programmes en vigueur
·
Planifie les devoirs
|
Procède régulièrement à des contrôles et des évaluations des
apprentissages
|
·
Notation des élèves et commentaires
·
Tenue d’un régistre des progrès accomplis(
fiches globales, statistiques, graphiques…)
·
Devoirs de rattrapage ???
|
Crée et utilise de manière adéquate les matériels didactiques
|
·
Création des coins éducatifs (forêt, tables de
matière, théorèmes…)
·
Fabrique le matériel didactique nécessaire
|
Sert de modèle
|
·
L’enseignant est propre et correctement
habillé
·
L’enseignant fait correctement son devoir
·
L’enseignant sait gérer son temps
(ponctualité)
·
L’enseignant sait respecter le calendrier
général et le diagramme de GANTT
·
L’enseignant écrit lisiblement au tableau
·
L’enseignant contrôle et gère correctement sa
classe, donne des missions aux élèves(balayer la classe, aller chercher les
livres…)
|
FACTEURS POUVANT MOTIVER LES ENSEIGNANTS A DEVENIR EFFICACES
Avoir des enseignants efficaces
n’est pas une vue de l’esprit, une utopie. Tous les enseignants autant qu’ils
sont restent profondément attachés à
leur pays et à leur dignité. L’enseignement est un domaine de responsabilités
partagées, de dialogue nourri entre partenaires qui va créer un espace favorable à la promotion de
la qualité. Le gouvernement doit jouer le rôle de facilitateur et d’équité surtout
dans le traitement des dossiers des enseignants et des salaires. Certes le
gouvernement de la République en octroyant la PIFE manifeste la volonté d’améliorer les
conditions de vie et de travail des enseignants. Il a mis à la disposition de l’éducation
nationale une somme de et se propose de réduire les effectifs à 3O élèves par
classe. Nous attendons que cela se traduise dans les faits et c’est la raison
pour laquelle j’ai parlé de politique ambitieuse. Pour atteindre les objectifs
de l’EPT d’ici 2015 et les objectifs du millénaire, le ministère à travers son
personnel d’encadrement et d’accompagnement doi t savoir jouer sa partition.
L’enseignement évolue rapidement peut –être au même rythme que se transforme le
monde. Il est important que les enseignants connaissent les nouvelles pratiques
pédagogiques. Pour cela les CP et les IPEN doivent organiser des formations
continues et passer dans les établissements contrôler le travail qui s’y fait.
J’ai l’impression que les CP et les IPEN qui normalement doivent accompagner,
conseiller les enseignants, jouent aux gendarmes. Ils sont toujours prêts à
sanctionner qu’à conseiller.
Le Gabon émergent a besoin des cadres bien formés et cela
passe, je le répète, par la formation des formateurs.
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