lundi 30 août 2021

         CLASSES de 5ème année et 3ème ; REDOUBLEMENT UNE INJUSTICE

Dans notre système éducatif, le redoublement est considéré comme un outil de lutte contre l’échec scolaire alors qu’il constitue une course d’obstacles et un instrument de sélection naturelle ou encore une entrave à la scolarisation. On considère qu’à chaque classe et niveau d’éducation, correspond une norme qualitative à atteindre. Quand l’élève n’a pas atteint cette norme malgré ses  dispositions intellectuelles et sa participation aux cours, il est appelé à reprendre la classe. Or,  les pays comme le Zimbabwe, la Tanzanie ou le Botswana où la pratique de la promotion automatique est marquée mettent des mesures de soutien ou de rattrapage  aux élèves en difficulté avec l’aide d’un psychologue ou d’une assistante sociale bien différemment des cours de soutien organisés pendant la période des vacances par les enseignants en quête d’argent..

Au Gabon, le redoublement est familier et naturel. Le but premier est d’aider les élèves en situation d’échec.  En fait, il est une entrave à la scolarisation universelle et à l’Education Pour Tous ( EPT). Il a des implications sur les enfants et les parents et même sur l’Etat :

Ø  Faire répéter la classe, c’est deux années au lieu d’une année pour acquérir les connaissances prévues

Ø  Faire répéter la classe, ce sont les ressources supplémentaires  au moment où les frais d’écolage sont exorbitants. Les familles pauvres restent interdites

Ø  Faire répéter la classe, c’est pousser l’élève à quitter l’école

Le redoublement est un mirage pédagogique pour toutes les classes mais surtout pour les élèves en fin de cycle tels ceux de 5ème année du primaire et de 3ème du secondaire.  Il n’améliore pas leurs performances et progressions scolaires. Ils sont enclins à paresser . il masque les difficultés d’apprentissage sans y remédier et donne une fausse impression d’efficacité et de qualité de l’éducation.

Le redoublement, pour ces élèves du primaire et du secondaire, est injuste. Pourquoi ne pas pratiquer la promotion automatique comme on le fait pour les élèves des classes de Terminale ? De plus , ils changent de cycle.  Les diplômes de CEPE et du BEPC devraient leur permettre d’accéder aux niveaux supérieurs c’est-à-dire en 6ème et en 2de au lieu de les faire redoubler. L’expérience a même montré que la plupart sont exclus en fin d’année. Proviseur du collège Val Marie de 1996 à 2006, j’admettais en 2de tous ceux qui avaient le BEPC. Je peux vous assurer que tous ont réalisé une scolarité sans faute et décrochaient le baccalauréat au bout de trois ans.

Il est temps de mettre au rebut ce legs colonial qu’est le redoublement. En Europe, la France et le Portugal et en Afrique , le Gabon sont les pays où le redoublement a le taux le plus élevé.  Meme si la majorité des enseignants demeurent convaincus de l’efficacité du redoublement, il est loin de résoudre les problèmes d’apprentissage. Monsieur Jean EYENE  BEKALE, Directeur Général des examens et concours avait, le 04 octobre 2013, pris la décision portant admission en classe de seconde des élèves de troisième titulaires du BEPC.  Je me souviens que le Ministre actuel de l’Education nationale avait pris la même décision l’année dernière. Pourquoi ne plus appliquer cette décision ? Ces élèves n’ont-ils pas donné satisfaction dans leur classe ?

Je pense que les élèves admis au CEPE  et au BEPC méritent de changer de cycle au même titre que les élèves des classes de Terminale  qui vont au supérieur même avec une moyenne annuelle de 03/20.

Hyanice Ivantsu BIGOUAGOU DILOUSSA

Enseignant à la retraite

Ancien proviseur des lycées

Promoteur scolaire du Lycée privé Germain DILOUSSA

           MOUILA   - GABON - 

mercredi 2 octobre 2019

LE CHEF D'ETABLISSEMENT CATHOLIQUE


     
  LE CHEF D’ETABLISSEMENT DE L’ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE

La présence de l’église dans le domaine scolaire se manifeste par l’école catholique. A la différence des autres écoles, l’école catholique vise à former intellectuellement, humainement et chrétiennement la jeunesse gabonaise ( Règlement intérieur de l’Enseignement privé catholique, article 2). Les Actes du Concile Vatican II, éditions du Cerf, Paris, pp.705 -709, précisent que « l’école catholique doit créer pour la communauté scolaire une atmosphère animée d’un esprit évangélique de liberté et de charité, aider les jeunes à développer leur personnalité. Aussi le Concile proclame – t-il le droit de l’église de fonder et de diriger des écoles de tous ordres et de tous degrés ». Le Pape Jean Paul II, dans son message envoyé aux participants de la 52ème Assemblée nationale de la Fédération des Instituts d’Activité éducative, demande à promouvoir la passion pour la vérité, l’amour pour la liberté en compagnie de Jésus Rédempteur, véritable Ami sur lequel ils peuvent compter. L’Accord entre le Saint Siège et la République gabonaise sur le statut de l’enseignement catholique est clair en son article 1 : «  l’Etat gabonais confirme la reconnaissance d’utilité publique, de droit, des institutions d’enseignement préscolaire, primaire, secondaire général et technique et professionnel créées sur son territoire par l’Eglise catholique ». La présence de l’école catholique au Gabon n’est donc pas fortuite. Elle répond aux besoins de formation des jeunes mais elle s’enracine dans l’évangile de Jésus Christ.
Dans cette communication, je vais traiter dans un premier temps de l’arrivée des missionnaires catholiques et de la création des établissements scolaires. Puis dans un deuxième temps, je vais m’appesantir sur le rôle que doit jouer le chef d’établissement catholique dans son milieu scolaire.
I.                   L’arrivée des missionnaires et la création des établissements scolaires
I.1. L’arrivée des missionnaires catholiques
Le début du 19ème siècle marque le renouveau de la spiritualité en Europe occidentale. La création des nouvelles congrégations missionnaires incite le départ massif des religieux pour l’Afrique.  Leur mission : évangéliser, civiliser et christianiser l’Afrique qui, à leurs yeux, n’a ni culture ni civilisation.
En septembre 1843, dix missionnaires dont le Père BESSIEUX quittent Bordeaux pour la Guinée. Après un séjour à Grand Bassam, le Père BESSIEUX et les frères Grégoire et Jean FABE arrivent au Gabon le 28 septembre 1944. Le lendemain il célèbre sa première messe en terre gabonaise sur un lopin de terre que le commandant BISSET lui a cédé. D’autres religieux débarquent ensuite à Libreville. Le 15 août 1846 arrivent les Pères BRIOT, LE BERRE et le frère MERCY. Ils continuent avec le Père BESSIEUX l’œuvre d’évangélisation et de scolarisation des populations tant dans l’estuaire du Como que dans l’hinterland.



 I.2.La création des établissements scolaires
Les premiers colonisateurs en Afrique ont à cette époque des préoccupations beaucoup plus commerciales que matérielles. Il s’agit de trouver des nouveaux marchés et territoires pour relever leur économie en crise. Mais ce n’est pas ce scramble sur l’Afrique qui introduit des mutations en Afrique. C’est plutôt l’école parce que quand les pionniers missionnaires y arrivent pour évangéliser et civiliser, ils se rendent compte que le meilleur moyen pour atteindre leurs objectifs reste l’école. Les missionnaires vont même construire l’école avant l’église dans certains milieux. Monseigneur Hinsley, au nom de Pie XI parcourant les lointains vicariats africains annonce « Là où il vous est impossible de mener de front l’œuvre d’évangélisation et l’œuvre scolaire, négligez vos chapelles pour perfectionner vos écoles ».La mission civilisatrice de ces missionnaires passe nécessairement par l’éducation pour lutter contre l’ignorance et la misère et pour mieux travailler les structures mentales des jeunes africains.  C’est ainsi qu’ils vont créer des centres scolaires, des cycles primaires, secondaires et professionnels.
Au Gabon,  l’éducation des garçons est sous la responsabilité des Pères de la congrégation du Saint Esprit (collège BESSIEUX) et des Frères de Saint Gabriel( collèges st Gabriel de Mouila, Angone d’Oyem, Montfort de LBV, Raponda Walker de POG, Adiwa de LRN, st Dominique de Moanda) alors que celle des filles est confiée aux Sœurs de l’Immaculée conception de Castres(IIC), des Sœurs Trinitaires( Val Marie) et de la Congrégation de Sainte Marie du Gabon( ND Quaben). Outre ces établissements, l’enseignement catholique ouvre dans les années ’70 les collèges Horizon de Tchibanga, Notre Dame de la Salette de Koulamoutou, St Hilaire devenu Jean Jérôme ADAM de FCV, st Félicien de Dibwangui. Aujourd’hui nous pouvons ajouter St Ambroise de Lastourville, Calazans de LBV, N.D de Victoire de Makokou…. Au départ toutes les écoles catholiques sont dirigées par les religieux. Mais à la fin des années’80 – 90, prêtres et religieux quittent les établissements. La crise des vocations oblige les évêques et les congrégations à un redéploiement des forces dans les champs apostoliques. Ils sont alors confiés aux laïcs.
II.                Le chef d’établissement catholique
Comme son homologue de l’enseignement public, le chef d’établissement catholique est investi de responsabilités prédéfinies tant sur les plans administratif, financier et humain. Cependant ses responsabilités sont de deux ordres. Les unes découlent des compétences prédéfinies par la tutelle qui est l’Education nationale. Les autres découlent de la mission ecclésiale de l’Enseignement catholique. Le chef d’établissement catholique doit se sentir en mission à l’image du Christ. Cette mission s’élève des profondeurs de l’être engagé. Elle est appel, exigence intérieure, fidélité profonde à soi-même, création et non simple exécution d’un rôle professionnel à assumer. En effet, le chef d’établissement :
-          dirige, c’est-à-dire est responsable dans une organisation et assume à ce titre des fonctions semblables à celles d’un chef d’entreprise. Il est manager
-          exerce cette responsabilité dans un milieu éducatif, porteur des valeurs et des contraintes propres
-          Dans le cas d’un établissement catholique, il dirige dans un milieu orienté par les finalités de l’Evangile
Ces trois domaines sont interdépendants mais distincts selon qu’on soit chef d’établissement du public ou catholique. Pour mieux comprendre l’action du chef d’établissement catholique, représentons la dans un schéma :
Octogone: Assurer la cohérence des pratiques et des finalités     PROMOUVOIR LE MESSAGE EVANGELIQUE DE LA COMMUNAUTE
 



L’établissement catholi

                                             DIRIGER EN MILIEU CATHOLIQUE

1.      Promouvoir le message évangélique pour la communauté
Le terme « communauté » fait référence à tous les acteurs de l’école : administration, enseignants, parents, apprenants. Le chef d’établissement catholique doit favoriser et organiser la proposition explicite de la foi, favoriser la vie sacramentelle, enraciner dans la vie la célébration du mystère du Christ. Il met en place la catéchèse, prend toutes les mesures pour faciliter la libre introduction des jeunes à la vie sacramentelle. Il doit pour cela, comme exemple, prendre les sacrements de l’Eglise, et enfin organiser des célébrations de rentrée et de fin d’année et encourager la visite des autorités religieuses dans l’établissement. Il a la responsabilité pastorale.
2.      Fonder l’action éducative dans la préoccupation de l’humanisme
Le chef d’établissement catholique doit créer les conditions de l’écoute et de l’accueil des personnes, veiller à ce que l’enseignement intègre la dimension religieuse et à ce que les activités intègrent la dimension religieuse. Il veille à ordonner le règlement, les habitudes et les pratiques. Il cultive la tolérance, le dialogue, l’écoute, conditions sine qua non permettant à chacun de se sentir respecté et reconnu sans discrimination. Il légitime les échanges inter-confessionnels.
3.      Assurer la cohérence des pratiques avec les finalités proclamées
Le chef d’établissement catholique doit favoriser l’existence et la visibilité d’une communauté chrétienne agissante, assumer les risques de la proposition chrétienne devant les partenaires et organiser l’interpellation des pratiques par le message évangélique. Il détermine la position de chacun dans l’établissement et n’encourage pas de ce fait l’exclusion. C’est pourquoi il va permettre l’existence d’une communauté chrétienne, des mouvements et des fêtes spirituelles et amicales. Le chef d’établissement catholique veille à la cohérence des activités des divers groupements et participe normalement à leurs réunions. Il met aussi au centre de ses préoccupations la réussite des élèves. Il cherche à mettre en place les mécanismes d’aide aux élèves en difficulté.


Si les chefs d’établissement actuels, tous laïcs après le retrait des religieux, respectent les recommandations de la conférence épiscopale, les établissements catholiques retrouveront leur lustre d’antan. Le chef d’établissement catholique doit être le miroir de son institution. Comment voulez – vous que les enseignants et les élèves aillent à la messe ou prennent les sacrements quand le chef d’établissement est d’une autre confession ? L’école catholique aujourd’hui n’est plus que l’ombre d’elle – même : plus de prière avant les cours, plus de discipline alors que c’est la pierre angulaire de tout bon fonctionnement, plus de mouvements catholiques à l’école, plus de visite du curé, de la religieuse ou même de l’évêque comme le faisaient en leur temps Mgrs DE LAMOUREYRE et MAKOUAKA. L’école et le chef d’établissement sont abandonnés à eux – mêmes. Il est temps que l’Eglise reprenne en main sa mission : évangéliser et éduquer. Mais comment le faire ? La première chose est de nommer à cette fonction les enseignants catholiques convaincus prenant les sacrements. La deuxième c’est de les former. On ne peut se prévaloir pilote ou médecin sans formation préalable. A défaut d’inclure des modules dans les écoles de formation que sont l’ENS et l’ENIC, le chef d’établissement catholique peut bénéficier d’une formation continue pendant les vacances de Noel et de  Pâques  qui porterait sur :
-          La spécificité de l’enseignement catholique
-          La pastorale scolaire
-          La démarche de projet ( projet éducatif et projet d’établissement)
-          La relation éducative
-          La pédagogie de projet
-          Le leadership
-          Le partenariat
Tout ceci doit se faire en rapport avec l’Evangile. En effet, le chef d’établissement catholique doit reconnaître que l’Evangile exprime la béatitude de la pauvreté, de la justice, du pardon ; valeurs qui l’interpellent à être conscient et responsable de soi et surtout des autres.

Bibliographie

France ROLLIN, Référentiel de métier du chef d’établissement, Chronique Sociale, décembre 1992
Marcus NDONGMO, Education scolaire et lien social en Afrique noire, L’Harmattan
Accord entre le Saint-Siège et la République gabonaise sur le statut de l’ens.catholique
Règlement intérieur de l’enseignement catholique

LE CHEF D'ETABLISSEMENT AU GABON; ADMINISTRATEUR, LEADER OU MANAGER ?

LE CHEF D'ETABLISSEMENT AU GABON; ADMINISTRATEUR, LEADER OU MANAGER ?

Le chef d’établissement, dans les pays au sud du Sahara, sont des enseignants primus inter pares, c’est- à – dire que c’est un enseignant  qui va de la classe à la direction de l’établissement sans formation initiale. Cela implique que le chef d’établissement n’a pas besoin d’autre qualification que celles exigées pour les enseignants. Cette vision est d’autant plus présente que celui – ci continue à enseigner. Et sa légitimité auprès de ses collègues semble mieux fondée si elle s’appuie sur ses compétences d’enseignant et aussi sur l’autorité que lui confère sa fonction. Nos chefs d’établissement ne le comprennent malheureusement pas. Ils abandonnent la classe une fois nommé directeur, principal ou proviseur. Jai passé 36 ans dans l’enseignement dont 4 comme enseignant, 2 comme censeur, 25 comme proviseur et 5 ans comme maire. De 1979 à 2008 j’ai enseigné même en tant que chef d’établissement. J’ai assumé la fonction de chef d’établissement de 1983 à 2008.
Nos gouvernants ignorent que la fonction de chef d’établissement est  d’autant  plus complexe, stressante et difficile qu’elle se définit en deux grands axes : impulser et conduire la politique pédagogique et éducative de l’établissement qui doit principalement viser la réussite de chacun des apprenants et conduire et animer la gestion de l’ensemble des ressources humaines.
Avant de répondre à la question ainsi posée, il serait éclairant dans un premier temps de donner les missions du chef d’établissement. Dans un deuxième temps, je proposerai un modèle regroupant les compétences. Et dans un troisième temps, j’essaierai de répondre, en insistant sur le cas du Gabon, à la question : « Le chef d’établissement au Gabon : administrateur, leader ou manager? »
I.                   MISSIONS DU CHEF D’ETABLISSEMENT
Elles sont clairement définies et rappelées dans l’introduction : 1. Impulser et conduire, 2. Impulser et animer. Mais pour mieux comprendre les obligations du chef d’établissement, je vous propose la liste à la « Prévert » :
-          Il constitue les classes et les groupes d’élèves, il répartit, conçoit et réalise, de concert avec le censeur pédagogique, les emplois de temps, assure l’organisation des enseignements dans le respect des textes réglementaires, et développe les pédagogies de soutien au bénéfice des élèves en difficulté.
-          Il régule et harmonise les modalités et le rythme d’évaluation des apprentissages des élèves en bâtissant une politique de l’établissement relative aux conseils des classes et à l’évaluation et en contrôlant l’effectivité des enseignements ( cahiers de textes, respect du diagramme de GANTT). Le chef d’établissement fait office de conseiller pédagogique ( Vade Mecum).
-          Il conduit une politique éducative en suivant l’assiduité et la ponctualité ( présences, absences), en favorisant les modalités d’expression des élèves ( coopérative, conseil des délégués, conseil de la vie lycéenne, création des clubs…). Tout ceci doit se faire en impliquant le censorat de vie scolaire, le conseiller de jeunesse et le service social.
-          Il établit, organise et maintient le dialogue avec les parents d’élèves,
-          Il conduit et anime la gestion de l’ensemble des ressources humaines en assurant une gestion prévisionnelle des personnels, en assurant l’accompagnement ou mieux le développement professionnel des enseignants.
La responsabilité  pédagogique du chef d’établissement et son rôle auprès des enseignants et autres services sont nettement affirmés dans cette liste à la « Prévert » et même dans le Vade Mecum du chef d’établissement. Il est l’âme de l’établissement, le moteur de son efficacité et le garant de la cohérence de l’action éducative.
Je me permets de rappeler cela parce que dans bon nombre des établissements le couple Proviseur/ Censeur ne fonctionne pas toujours bien. Le censeur refuse d’appliquer les instructions du chef d’établissement au motif qu’ils ont été nommés dans le même décret ou qu’il a le diplôme le plus élevé oubliant que la fonction prime le grade. Le chef d’établissement est la personne morale de l’institution.
II.                LES COMPETENCES RECHERCHEES
Les compétences requises d’un chef d’établissement ne sont pas strictement celles que l’on attend d’un enseignant. Un excellent enseignant ne fait pas nécessairement un bon chef d’établissement. Au Gabon, nous le savons tous, les chefs d’établissements ne sont pas formés. Il y a quelques temps ( année’80 – 90), ils suivaient une formation continue. Aujourd’hui plus rien n’existe. Les critères exigés ne sont pas pris en compte. L’on s’appuie sur les traits de personnalité et de caractère qui sont progressivement construits et font aisément l’objet de formation.
Le sens de l’organisation représente la base sur laquelle est bâtie la compétence du chef d’établissement. En outre, sa vision, son sens politique, ses qualités en relations humaines, sa capacité de prise de décision, son leadership et son habileté de communicateur constituent le cœur de sa fonction.
Référentiel de compétences en gestion pour le chef d’établissement
Habiletés interpersonnelles
a)      Bonne entente, relations interpersonnelles et sensibilité aux autres ; habileté à percevoir les besoins, les préoccupations et les problèmes personnels des autres ; habileté à résoudre des conflits
b)      Influence : leadership, mobilisation, solidarité, habileté à impliquer les autres dans la résolution des problèmes
c)      Gestion des conflits : habiletés à diagnostiquer les conflits interpersonnels, à les gérer et à établir des stratégies de résolution.
Habiletés cognitives
a)      Analyse : habileté à analyser l’information complexe afin de déterminer les éléments importants d’une situation problématique
b)      Jugement/prise de décision : habileté à rechercher des solutions logiques et à prendre des décisions de qualité basées sur l’information disponible, habiletés à identifier les besoins éducationnels et à établir des priorités
c)      Intelligence/ouverture d’esprit : être compétent pour discuter sur une variété de sujets, éducationnel, politique, économique, être ouvert au changement
d)     Originalité : avoir des idées neuves, nouvelles, inédites
Caractéristiques personnelles
a)      Contrôle de soi/résistance au stress : habileté à travailler sous pression, dans des situations ambigües ou complexes
b)      Responsable/ consciencieux : être honnête, délicat, attentif
c)      Ethique : sollicitude, justice, équité
Habiletés managériales
a)      Planification et contrôle : habileté à planifier et contrôler le travail des autres, habileté à utiliser les ressources de manière optimale, habileté à gérer une quantité importante de documents et de demandes diverses en même temps
Valeurs et vision éducationnelle
a)      Habileté à promouvoir les valeurs d’éducation, à projeter son établissement dans le temps et à définir sa propre conception de l’école
tiré de la Revue des Echanges, NUMERO 2, 2007
III.             QUEL TYPE DE CHEF D’ETABLISSEMENT AVONS-NOUS ?
Dans une de mes communications, j’ai rappelé qu’il existait différentes conceptions de la fonction de chef d’établissement selon les pays et qu’il existait trois modèles dépendant elles- mêmes du système éducatif. J’ai souligné que le chef d’établissement peut être soit un leader, soit un manager, soit un administrateur soit tout à la fois. Je voudrais ici rappeler les définitions qui se rapportent à ces concepts :
  Un leader : définit une vision et une direction à long terme tout en développant une stratégie pour produire des changements pour atteindre le but. Il transmet cette vision à son équipe, il motive, il enthousiasme, il encourage.
  Un manager :définit les objectifs annuels ou à court terme. Il planifie, organise le travail, fait le budget, décide, contrôle, résout les problèmes et parfois recrute les collaborateurs.( rentrée, diagramme de Gantt)
  Un administrateur :  Le chef d’établissement est un maillon d’une chaîne hiérarchique qui tient son autorité et ses compétences de son supérieur hiérarchique à qui il est subordonné.
A partir de ces définitions, vous pouvez aisément comprendre à quelle catégorie appartiennent nos chefs d’établissement, surtout ceux du public. En effet chez les confessionnels, il existe  beaucoup de liberté et les établissements jouissent aussi de beaucoup d’autonomie. Ils gèrent les subventions, peuvent recruter les enseignants vacataires qu’ils rémunèrent sans se référer à la hiérarchie, peuvent construire les salles des classes, peuvent faire fabriquer les table –bancs… ce n’est pas le cas des chefs d’établissement du public qui, la plupart de temps, subissent le diktat de leur chef direct.
Le système éducatif, même si les directeurs d’académie jouissent d’une légère autonomie, est un système très centralisé. Il s’agit dans ce cas précis de déconcentration et non de décentralisation. Guy PELLETIER nous apprend que «  la déconcentration est le degré le plus faible de la décentralisation. Elle se caractérise surtout par une décentralisation administrative qui se définit comme l’action par laquelle la gestion administrative d’une région est confiée à des agents nommés par le pouvoir central. La déconcentration ne comporte pas de transfert d’attribution du centre à la périphérie, mais vise à faciliter l’exercice total ou régional de pouvoirs qui continuent à relever de l’administration centrale ».
Notre système éducatif est trop bureaucratique. La coordination des activités repose sur des règles impersonnelles. Représentant l’Etat, le chef d’établissement est un maillon de la chaîne hiérarchique qui tient son autorité et ses compétences de son supérieur hiérarchique à qui il est subordonné .Son rôle consiste principalement à transmettre les règles, à les adapter à l’établissement et à en vérifier l’application. Le chef d’établissement chez nous est plus un administrateur qu’un leader ou un manager. Il ne peut rien décider. Toute décision, quelle qu’elle soit,  vient de l’amont. Il y a quelques années, le chef d’établissement n’était même pas autorisé à exclure un élève. Sur le bulletin il lui était demandé d’écrire «  proposé à l’exclusion » et une commission au niveau central affirmait ou infirmait la proposition de renvoi.
CONCLUSION
 Enfin après avoir abordé les trois points énoncés dans l’introduction, je m’autorise à faire des suggestions quant à l’amélioration de la qualité de l’éducation et la réussite des élèves. Il est indispensable que le chef d’établissement soit formé et ait un statut. En d’autres termes il faut professionnaliser le métier ou la fonction de chef d’établissement. Pour cela, le ministère en charge de l’éducation doit :
-          définir le profil et les attributions du chef d’établissement
-          inclure les programmes ou modules de gestion scolaire de formation initiale à l’ENI/ENS/ENSET
-          définir les modes de recrutement
-          établir un plan de carrière pour les chefs d’établissement
-          élaborer un code de déontologie et un guide de bonnes pratiques professionnelles
-          restaurer l’autorité du chef d’établissement en accroissant ses prérogatives et son autonomie
-          recourir aux lettres de mission
Le chef d’établissement doit être formé pour qu’il soit un véritable agent de changement et un véritable moteur de la dynamique d’innovation. Organiser le fonctionnement de l’établissement, s’appuyer sur la diversité des compétences et des talents, favoriser l’épanouissement de la vie scolaire sont quelques-unes des missions assignées au chef d’établissement. Outre les rôles classiques, le chef d’établissement doit être capable d’accompagner professionnellement et aussi pédagogiquement ses enseignants et créer de ce fait une culture d’établissement. Le métier de chef d’établissement est noble parce que l’on se met au service des autres. Il est riche par les compétences et responsabilités qu’il met en jeu.

La disposiion des membres au conseil de classe


jeudi 14 mars 2019



  LE  CHEF D’ETABLISSEMENT  FACE  AU  MANAGEMENT
Depuis les années 60, les systèmes d’éducation en Afrique subsaharienne connaissent une importante remise en question. Divers intervenants dont les parents d’élèves continuent à se plaindre de la qualité de l’éducation qui souvent manque d’efficacité. Ces reproches découlent du manque de compétences et parfois de la sous-qualification de certains chefs d’établissement. La qualité de l’éducation dépend de la façon dont un établissement scolaire est géré et principalement du rôle joué par le chef d’établissement qui en est le pilier et le pivot sur lequel reposent l’enseignement/apprentissage et les performances des apprenants.
Au Gabon, le chef d’établissement est considéré comme un administrateur et un représentant de l’Etat.  Comme dans tous les pays de l’Afrique centrale et même dans certains pays de l’Europe comme l’Espagne et le Portugal, le chef d’établissement n’est pas élu parmi ses pairs, recruté par une collectivité locale ou formé  dans une école de formation .Il est un enseignant primus inter pares. Cette conception prévaut dans beaucoup de pays au niveau de l’enseignement primaire où le chef d’établissement est un enseignant déchargé d’une partie de son service d’enseignement, en fonction de la taille de l’école. Elle se rencontre aussi dans l’enseignement secondaire du fait de la dimension des établissements. Elle implique que le chef d’établissement n’a pas besoin d’autre qualification que celles qui sont exigées pour les enseignants et qu’il peut revenir à sa fonction d’enseignant.
La thématique qu’ensemble nous allons développer est LE CHEF D’ETABLISSEMENT FACE AU MANAGEMENT.  Il est donc souhaitable, pour mieux comprendre nos travaux,  d’expliquer les termes :
-          Chef
-          Management
Et de répondre aux questions suivantes :
-          A qui pourrions – nous comparer le chef d’établissement ?
-          Le chef d’établissement est – il un leader , un manager ou un administrateur ?
-          Quelles sont les attitudes requises quand on devient chef d’établissement ?
-          Quels sont les sept principes fondamentaux pour un chef d’établissement ?
Enfin nous traiterons des contraintes liées à la fonction de chef d’établissement et de ses  nouveaux rôles.
I.
Ø  La notion de «chef » dans nos différents établissements souligne un pouvoir de commandement et d’obéissance conformément à une ligne hiérarchique héritée d’une tradition de centralisation. Or avec l’évolution de cette fonction,  la dimension autoritaire et la personnalisation de la fonction du « chef » devraient  progressivement s’effacer  au profit d’une vision  plus équilibrée du partage des responsabilités.
Ø  Le management :technique de direction ou de gestion de l’entreprise incluant la participation active  de tous les acteurs. TT PATERSON nous dit que c’est la mise en œuvre et coordination des fonctions et des personnes qui remplissent ces fonctions de façon à atteindre un but donné ( cf ; différence entre leadership et management)
Ø  Un leader : définit une vision et une direction à long terme tout en développant une stratégie pour produire des changements pour atteindre le but. Il transmet cette vision à son équipe, il motive, il enthousiasme, il encourage.
Ø  Un manager :définit les objectifs annuels ou à court terme. Il planifie, organise le travail, fait le budget, décide, contrôle, résout les problèmes et parfois recrute les collaborateurs.( rentrée, diagramme de Gantt)
Ø  Un administrateur :  Le chef d’établissement est un maillon d’une chaîne hiérarchique qui tient son autorité et ses compétences de son supérieur hiérarchique à qui il est subordonné. .
II.
Ø  Commandant de bord, PDG d’entreprise publique, chef d’orchestre, entraîneur d’équipe, bien des métaphores ont été utilisées pour caractériser ce rôle.

III.  Les attitudes requises  
Ø  Le code vestimentaire
Ø  Le copinage
Ø  Le devoir de réserve
Ø  La revalorisation du travail des autres
Ø  La responsabilité des erreurs des autres

          IV. Les principes fondamentaux (7)
Ø  La clarté ou le parler vrai
Ø  La cohérence
Ø  Le courage
Ø  La considération
Ø  La compétence
Ø  La loyauté
Ø  La transparence

Etre chef d’établissement est un métier difficile car il se complexifie jour après jour. Il est stressant, prégnant et contraignant. Etre chef d’établissement c’est devenir un homme public au vrai sens du terme. Votre vie ne vous appartient plus parce que vos faits et gestes sont scrutés et commentés. En fait vous ne jouissez plus de votre liberté.
Le métier de chef d’établissement est stressant parce  qu’ un chef d’établissement est comparé à un sandwich de salami au milieu du pain. Il est pressé de toute part par :
-          Les collaborateurs directs : censeurs, surveillants, gestionnaires
-          Les enseignants
-          Les apprenants
-          Les parents d’élèves
-          La hiérarchie
Le chef d’établissement gère plus les conflits que la pédagogie et fait moins donc de l’administration. 

B. LES ROLES DU CHEF D’ETABLISSEMENT

B.1 Les rôles traditionnels
Ø  Historiquement et traditionnellement, les rôles du chef d’établissement dans nos écoles, collèges et lycées ont toujours porté sur :
-          La gestion administrative
-          La gestion  des ressources matérielles
-          La gestion des équipements immobiliers
-          La gestion des ressources humaines
-          La gestion des ressources  financières
-          La gestion  des programmes d’enseignement et pédagogique
-          La sécurité
B.2. Les nouveaux   rôles
Comme nous l’avons relevé au début de nos travaux, le chef d’établissement n’est plus celui qui non seulement détient le pouvoir de commander et de sanctionner mais celui qui partage ce pouvoir avec ses collaborateurs. Il doit d’abord faire montre de beaucoup de compétences :
-          Des compétences techniques : savoirs et savoir faire
-          Des compétences humaines ; savoir être
-          Des compétences managériales :savoir faire faire et faire savoir
 Il est, en effet, le moteur de l’efficacité scolaire et de la qualité des apprentissages. C’est celui qui détermine la perception, l’image que le monde extérieur, les usagers et les autorités hiérarchiques ont de  son établissement. Un établissement n’est plus une juxtaposition des classes mais un sous – système à l’intérieur duquel différents éléments entretiennent des relations d’interdépendance dynamique. Il s’agit aujourd’hui de gérer autrement. Le chef d’établissement doit user du leadership éducationnel, mieux transformationnel qui selon LAPOINTE  et LANGLOIS « favorise le développement d’un sentiment de pouvoir et de capacité d’agir chez tous les acteurs c’est-à-dire qu’il permet le développement du processus d’empowerment dans lequel les enseignants peuvent contribuer à la vision de l’établissement et deviennent plus investis et plus engagés dans leur travail »
Qu »est –ce que l’EMPOWERMENT ?
Il correspond au partage du pouvoir par la mobilisation des collaborateurs, par leur motivation, par leur participation c’est-à-dire que les enseignants se sentent co-responsables de leur propre travail.


Outre les rôles classiques il faut y ajouter
Ø  La gestion pédagogique
Ø  La fonction d’animation
Ø  La fonction de formateur
Ø  La communication
Ø  Les relations aux autorités, aux parents, avec les enseignants , avec l’environnement économique et social

En conclusion, Chers collègues,
Aujourd’hui, ce qui prévaut dans nos établissement ce sont :
1)      le management qui prévaut est le management baladeur. Un chef d’établissement ne doit pas s’emmurer, rester confiné dans son bureau comme s’il était prisonnier ou comme s’il avait peur de ses collaborateurs et de ses apprenants. Un chef d’établissement doit se faire connaître et doit connaître tout le monde.
2)      Le leadership transformationnel puisque celui-ci s’intéresse aux parties prenantes impliquées : parents, enseignants, apprenants, personnels de soutien, autorités politiques, administratives, militaires, réligieuses et à leurs relations. Il s’appuie sur une modification des attitudes. Les leaders transformationnels sont des agents de changement parce qu’ils oeuvrent pour une culture de qualité , pour une culture de l’établissement.