LE CHEF D’ETABLISSEMENT DE L’ENSEIGNEMENT
CATHOLIQUE
La présence de l’église
dans le domaine scolaire se manifeste par l’école catholique. A la différence
des autres écoles, l’école catholique vise à former intellectuellement,
humainement et chrétiennement la jeunesse gabonaise ( Règlement intérieur de
l’Enseignement privé catholique, article 2). Les Actes du Concile Vatican II,
éditions du Cerf, Paris, pp.705 -709, précisent que « l’école catholique
doit créer pour la communauté scolaire une atmosphère animée d’un esprit
évangélique de liberté et de charité, aider les jeunes à développer leur
personnalité. Aussi le Concile proclame – t-il le droit de l’église de fonder
et de diriger des écoles de tous ordres et de tous degrés ». Le Pape Jean
Paul II, dans son message envoyé aux participants de la 52ème Assemblée
nationale de la Fédération des Instituts d’Activité éducative, demande à
promouvoir la passion pour la vérité, l’amour pour la liberté en compagnie de
Jésus Rédempteur, véritable Ami sur lequel ils peuvent compter. L’Accord entre
le Saint Siège et la République gabonaise sur le statut de l’enseignement
catholique est clair en son article 1 : « l’Etat gabonais confirme
la reconnaissance d’utilité publique, de droit, des institutions d’enseignement
préscolaire, primaire, secondaire général et technique et professionnel créées
sur son territoire par l’Eglise catholique ». La présence de l’école
catholique au Gabon n’est donc pas fortuite. Elle répond aux besoins de
formation des jeunes mais elle s’enracine dans l’évangile de Jésus Christ.
Dans cette communication,
je vais traiter dans un premier temps de l’arrivée des missionnaires
catholiques et de la création des établissements scolaires. Puis dans un
deuxième temps, je vais m’appesantir sur le rôle que doit jouer le chef
d’établissement catholique dans son milieu scolaire.
I.
L’arrivée des missionnaires et la
création des établissements scolaires
I.1.
L’arrivée des missionnaires catholiques
Le début du 19ème
siècle marque le renouveau de la spiritualité en Europe occidentale. La
création des nouvelles congrégations missionnaires incite le départ massif des
religieux pour l’Afrique. Leur
mission : évangéliser, civiliser et christianiser l’Afrique qui, à leurs
yeux, n’a ni culture ni civilisation.
En septembre 1843, dix missionnaires
dont le Père BESSIEUX quittent Bordeaux pour la Guinée. Après un séjour à Grand
Bassam, le Père BESSIEUX et les frères Grégoire et Jean FABE arrivent au Gabon
le 28 septembre 1944. Le lendemain il célèbre sa première messe en terre
gabonaise sur un lopin de terre que le commandant BISSET lui a cédé. D’autres
religieux débarquent ensuite à Libreville. Le 15 août 1846 arrivent les Pères
BRIOT, LE BERRE et le frère MERCY. Ils continuent avec le Père BESSIEUX l’œuvre
d’évangélisation et de scolarisation des populations tant dans l’estuaire du
Como que dans l’hinterland.
I.2.La création des établissements scolaires
Les premiers
colonisateurs en Afrique ont à cette époque des préoccupations beaucoup plus
commerciales que matérielles. Il s’agit de trouver des nouveaux marchés et
territoires pour relever leur économie en crise. Mais ce n’est pas ce scramble
sur l’Afrique qui introduit des mutations en Afrique. C’est plutôt l’école
parce que quand les pionniers missionnaires y arrivent pour évangéliser et
civiliser, ils se rendent compte que le meilleur moyen pour atteindre leurs
objectifs reste l’école. Les missionnaires vont même construire l’école avant
l’église dans certains milieux. Monseigneur Hinsley, au nom de Pie XI
parcourant les lointains vicariats africains annonce « Là où il vous est impossible de mener de front l’œuvre
d’évangélisation et l’œuvre scolaire, négligez vos chapelles pour perfectionner
vos écoles ».La mission civilisatrice de ces missionnaires passe
nécessairement par l’éducation pour lutter contre l’ignorance et la misère et
pour mieux travailler les structures mentales des jeunes africains. C’est ainsi qu’ils vont créer des centres
scolaires, des cycles primaires, secondaires et professionnels.
Au Gabon, l’éducation des garçons est sous la
responsabilité des Pères de la congrégation du Saint Esprit (collège BESSIEUX)
et des Frères de Saint Gabriel( collèges st Gabriel de Mouila, Angone d’Oyem,
Montfort de LBV, Raponda Walker de POG, Adiwa de LRN, st Dominique de Moanda)
alors que celle des filles est confiée aux Sœurs de l’Immaculée conception de
Castres(IIC), des Sœurs Trinitaires( Val Marie) et de la Congrégation de Sainte
Marie du Gabon( ND Quaben). Outre ces établissements, l’enseignement catholique
ouvre dans les années ’70 les collèges Horizon de Tchibanga, Notre Dame de la
Salette de Koulamoutou, St Hilaire devenu Jean Jérôme ADAM de FCV, st Félicien
de Dibwangui. Aujourd’hui nous pouvons ajouter St Ambroise de Lastourville,
Calazans de LBV, N.D de Victoire de Makokou…. Au départ toutes les écoles
catholiques sont dirigées par les religieux. Mais à la fin des années’80 – 90,
prêtres et religieux quittent les établissements. La crise des vocations oblige
les évêques et les congrégations à un redéploiement des forces dans les champs
apostoliques. Ils sont alors confiés aux laïcs.
II.
Le chef d’établissement catholique
Comme son homologue de
l’enseignement public, le chef d’établissement catholique est investi de
responsabilités prédéfinies tant sur les plans administratif, financier et
humain. Cependant ses responsabilités sont de deux ordres. Les unes découlent
des compétences prédéfinies par la tutelle qui est l’Education nationale. Les
autres découlent de la mission ecclésiale de l’Enseignement catholique. Le chef
d’établissement catholique doit se sentir en mission à l’image du Christ. Cette
mission s’élève des profondeurs de l’être engagé. Elle est appel, exigence
intérieure, fidélité profonde à soi-même, création et non simple exécution d’un
rôle professionnel à assumer. En effet, le chef d’établissement :
-
dirige, c’est-à-dire est responsable
dans une organisation et assume à ce titre des fonctions semblables à celles
d’un chef d’entreprise. Il est manager
-
exerce cette responsabilité dans un
milieu éducatif, porteur des valeurs et des contraintes propres
-
Dans le cas d’un établissement
catholique, il dirige dans un milieu orienté par les finalités de l’Evangile
Ces trois domaines sont
interdépendants mais distincts selon qu’on soit chef d’établissement du public
ou catholique. Pour mieux comprendre l’action du chef d’établissement
catholique, représentons la dans un schéma :
PROMOUVOIR
LE MESSAGE EVANGELIQUE DE LA COMMUNAUTE
L’établissement catholi
DIRIGER EN MILIEU CATHOLIQUE
1.
Promouvoir le message évangélique pour
la communauté
Le terme
« communauté » fait référence à tous les acteurs de l’école :
administration, enseignants, parents, apprenants. Le chef d’établissement
catholique doit favoriser et organiser la proposition explicite de la foi,
favoriser la vie sacramentelle, enraciner dans la vie la célébration du mystère
du Christ. Il met en place la catéchèse, prend toutes les mesures pour
faciliter la libre introduction des jeunes à la vie sacramentelle. Il doit pour
cela, comme exemple, prendre les sacrements de l’Eglise, et enfin organiser des
célébrations de rentrée et de fin d’année et encourager la visite des autorités
religieuses dans l’établissement. Il a la responsabilité pastorale.
2.
Fonder l’action éducative dans la
préoccupation de l’humanisme
Le chef d’établissement
catholique doit créer les conditions de l’écoute et de l’accueil des personnes,
veiller à ce que l’enseignement intègre la dimension religieuse et à ce que les
activités intègrent la dimension religieuse. Il veille à ordonner le règlement,
les habitudes et les pratiques. Il cultive la tolérance, le dialogue, l’écoute,
conditions sine qua non permettant à chacun de se sentir respecté et reconnu
sans discrimination. Il légitime les échanges inter-confessionnels.
3.
Assurer la cohérence des pratiques avec
les finalités proclamées
Le chef d’établissement
catholique doit favoriser l’existence et la visibilité d’une communauté
chrétienne agissante, assumer les risques de la proposition chrétienne devant
les partenaires et organiser l’interpellation des pratiques par le message
évangélique. Il détermine la position de chacun dans l’établissement et
n’encourage pas de ce fait l’exclusion. C’est pourquoi il va permettre
l’existence d’une communauté chrétienne, des mouvements et des fêtes
spirituelles et amicales. Le chef d’établissement catholique veille à la
cohérence des activités des divers groupements et participe normalement à leurs
réunions. Il met aussi au centre de ses préoccupations la réussite des élèves.
Il cherche à mettre en place les mécanismes d’aide aux élèves en difficulté.
Si les chefs
d’établissement actuels, tous laïcs après le retrait des religieux, respectent
les recommandations de la conférence épiscopale, les établissements catholiques
retrouveront leur lustre d’antan. Le chef d’établissement catholique doit être
le miroir de son institution. Comment voulez – vous que les enseignants et les
élèves aillent à la messe ou prennent les sacrements quand le chef
d’établissement est d’une autre confession ? L’école catholique
aujourd’hui n’est plus que l’ombre d’elle – même : plus de prière avant
les cours, plus de discipline alors que c’est la pierre angulaire de tout bon
fonctionnement, plus de mouvements catholiques à l’école, plus de visite du
curé, de la religieuse ou même de l’évêque comme le faisaient en leur temps
Mgrs DE LAMOUREYRE et MAKOUAKA. L’école et le chef d’établissement sont
abandonnés à eux – mêmes. Il est temps que l’Eglise reprenne en main sa
mission : évangéliser et éduquer. Mais comment le faire ? La première
chose est de nommer à cette fonction les enseignants catholiques convaincus prenant
les sacrements. La deuxième c’est de les former. On ne peut se prévaloir pilote
ou médecin sans formation préalable. A défaut d’inclure des modules dans les
écoles de formation que sont l’ENS et l’ENIC, le chef d’établissement
catholique peut bénéficier d’une formation continue pendant les vacances de
Noel et de Pâques qui porterait
sur :
-
La spécificité de l’enseignement
catholique
-
La pastorale scolaire
-
La démarche de projet ( projet éducatif
et projet d’établissement)
-
La relation éducative
-
La pédagogie de projet
-
Le leadership
-
Le partenariat
Tout ceci doit se faire
en rapport avec l’Evangile. En effet, le chef d’établissement catholique doit
reconnaître que l’Evangile exprime la béatitude de la pauvreté, de la justice,
du pardon ; valeurs qui l’interpellent à être conscient et responsable de
soi et surtout des autres.
Bibliographie
France ROLLIN, Référentiel de
métier du chef d’établissement, Chronique Sociale, décembre 1992
Marcus NDONGMO, Education scolaire et lien social en Afrique
noire, L’Harmattan
Accord entre le Saint-Siège et la République gabonaise sur
le statut de l’ens.catholique
Règlement intérieur de l’enseignement catholique