lundi 1 mai 2017

TOUS LES ELEVES PEUVENT - ILS REUSSIR ?

THEME :                 TOUS  LES  ELEVES  PEUVENT – ILS REUSSIR ?
Sans complaisance, l’analyse que je fais de l’école gabonaise est catastrophique. Sans ambages et sans démagogie, j’avoue que notre école et partant notre système éducatif est malade. Qu’est-ce qui fait que notre école claudique ? La réponse est tout simple :
-          Trop de centralisation
-          Trop de décrochage scolaire
-          Trop d’abandons
-          Trop d’exclusions et de redoublements
-          Trop d’inéquité dans la répartition des ressources humaines et d’allocations financières
-          Absence de manuels scolaires, de tables – bancs, de matériels didactiques
-          Absence de formation continue des enseignants
Si l’Etat, si les parents d’élèves prenaient leur responsabilité, tous les élèves réussiraient à l’école.  Je ne parle pas d’éducation mais d’éducabilité c’est-à-dire que tout enfant est éducable, donc doit réussir. C’est d’ailleurs l’objectif de l’école qui a pour mission d’émanciper, de construire l’HOMME et tout l’HOMME. L’Etat doit avoir alors le courage d’avancer des réformes et insister sur :
-          La décentralisation
-          La maîtrise des fondamentaux, au primaire comme la lecture, l’écriture, le calcul et la citoyenneté. Pour cela , l’APC est un outil indispensable.
-          La formation ou le développement professionnel des enseignants et des chefs d’établissement. Les enseignants doivent changer de méthodes pédagogiques, adapter celles-ci au niveau des élèves. Un bon enseignant ne sera pas forcément un bon chef d’établissement.
-          La présence des parents et même des élèves aux réunions d’orientation.
-          L’affectation dans les écoles et de façon équitable, des enseignants, du matériel didactique, des manuels scolaires. Pour l’UNESCO, un élève qui dispose des livres est susceptible de réussir à l’école.
Notre système éducatif est trop centralisé : ce qui souvent conduit certains encadrements subalternes à la passivité, à l’application routinière des règles ou à référer systématiquement aux échelons supérieurs les dossiers ou conflits qui devraient être de leur niveau de responsabilité. Une telle démarche a pour conséquence de déresponsabiliser les encadrements subalternes.
Je reconnais que la centralisation constitue le mécanisme le plus puissant pour coordonner les décisions au sein d’une organisation qu’est le Ministère de l’Education nationale. A titre d’exemple et cela peut paraître paradoxal, aucune réforme ne peut être mise en place sans la volonté et la capacité réelles à centraliser les décisions pour le changement. Mais trève de littérature !
Ce que je souhaite, c’est de voir les établissements publics jouir d’une certaine autonomie. Que ceux – ci soient capables, sans se référer à la tutelle, de fabriquer des tables – bancs, d’acheter et de changer une serrure, de payer les heures supplémentaires, de préparer et d’exécuter le budget.
La décentralisation, en matière d’éducation, dans notre pays, est quasi- inexistente.  Vous me rappellerez l’existence des directions d’académie dans toutes les provinces. Quels pouvoirs ont – elles ?  Elle relève de la déconcentration qui est en effet un pan de la décentralisation , mais qui est une décentralisation administrative qui se définit comme étant l’action par laquelle la gestion administrative d’une région est confiée à des agents nommés par le pouvoir central. Il n’y a pas de transfert d’attribution du centre à la périphérie.
La réussite des élèves dépend en majorité de l’enseignant. Sa mission prioritaire, c’est d’aider à réussir ou réduire les échecs. De par sa manière de se comporter, face à ses élèves, l’enseignant va favoriser ou non les progrès. Sa posture passe par
-          la remise en question quotidienne, l’écoute, l’empathie, la disponibilité, la patience et la persévérance
-          le ton, l’intonation de la voix
-          les attitudes du corps
-          le regard positif posé sur chaque élève
-          la façon de se déplacer ou d’investir l’espace pour maintenir le meilleur climat possible avec les élèves
   Si l’enseignant fait attention à cela, il va aider les élèves, insuffler un climat de confiance qui va pousser les élèves à aimer leur enseignant et donc à aimer sa discipline. L’école doit être un lieu de socialisation et non de souffrance et de moquerie.

Tous les élèves peuvent réussir si l’on améliore leurs conditions de travail et de vie. Les coopératives scolaires sont un échec. Des proviseurs véreux détournent les fonds de celles –c i et même des associations des parents d’élèves. Que le processus d’impartition soit mis en place dans les établissements compte tenu de l’essoufflement de l’Etat. Il consiste à confier le transport des élèves et les cantines scolaires à des particuliers qui ne font pas partie du système éducatif. Les enseignants doivent, chaque fois qu’ils ont fini leurs cours, se remettre en cause et ne jamais avoir un comportement narcissique. Ils sont les moteurs de la réussite de leurs élèves et de ce fait doivent aussi répondre de leurs échecs. Il est aussi important que l’Etat revoie les mécanismes de redoublement ou simplement annihile les redoublements en mettant officiellement en place dans chaque établissement, des aides personnalisées pour les plus faibles c’est- à-dire que les enseignants sélectionnés doivent être payés. Les cours de soutien sont une véritable escroquerie.

Hyanice Ivantsu BIGOUAGOU -DILOUSSA
Ancien proviseur à la retraite
Promoteur scolaire 

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