THEME : TOUS LES ELEVES
PEUVENT – ILS REUSSIR ?
Sans complaisance, l’analyse que je fais de l’école
gabonaise est catastrophique. Sans ambages et sans démagogie, j’avoue que notre
école et partant notre système éducatif est malade. Qu’est-ce qui fait que
notre école claudique ? La réponse est tout simple :
-
Trop
de centralisation
-
Trop
de décrochage scolaire
-
Trop
d’abandons
-
Trop
d’exclusions et de redoublements
-
Trop
d’inéquité dans la répartition des ressources humaines et d’allocations
financières
-
Absence
de manuels scolaires, de tables – bancs, de matériels didactiques
-
Absence
de formation continue des enseignants
Si l’Etat, si les parents d’élèves prenaient leur
responsabilité, tous les élèves réussiraient à l’école. Je ne parle pas d’éducation mais
d’éducabilité c’est-à-dire que tout enfant est éducable, donc doit réussir.
C’est d’ailleurs l’objectif de l’école qui a pour mission d’émanciper, de
construire l’HOMME et tout l’HOMME. L’Etat doit avoir alors le courage
d’avancer des réformes et insister sur :
-
La
décentralisation
-
La
maîtrise des fondamentaux, au primaire comme la lecture, l’écriture, le calcul
et la citoyenneté. Pour cela , l’APC est un outil indispensable.
-
La
formation ou le développement professionnel des enseignants et des chefs
d’établissement. Les enseignants doivent changer de méthodes pédagogiques,
adapter celles-ci au niveau des élèves. Un bon enseignant ne sera pas forcément
un bon chef d’établissement.
-
La
présence des parents et même des élèves aux réunions d’orientation.
-
L’affectation
dans les écoles et de façon équitable, des enseignants, du matériel didactique,
des manuels scolaires. Pour l’UNESCO, un élève qui dispose des livres est
susceptible de réussir à l’école.
Notre système éducatif est trop
centralisé : ce qui souvent conduit certains encadrements subalternes à la
passivité, à l’application routinière des règles ou à référer systématiquement
aux échelons supérieurs les dossiers ou conflits qui devraient être de leur
niveau de responsabilité. Une telle démarche a pour conséquence de
déresponsabiliser les encadrements subalternes.
Je reconnais que la centralisation constitue
le mécanisme le plus puissant pour coordonner les décisions au sein d’une
organisation qu’est le Ministère de l’Education nationale. A titre d’exemple et
cela peut paraître paradoxal, aucune réforme ne peut être mise en place sans la
volonté et la capacité réelles à centraliser les décisions pour le changement.
Mais trève de littérature !
Ce que je souhaite, c’est de voir les
établissements publics jouir d’une certaine autonomie. Que ceux – ci soient
capables, sans se référer à la tutelle, de fabriquer des tables – bancs,
d’acheter et de changer une serrure, de payer les heures supplémentaires, de
préparer et d’exécuter le budget.
La décentralisation, en matière
d’éducation, dans notre pays, est quasi- inexistente. Vous me rappellerez l’existence des
directions d’académie dans toutes les provinces. Quels pouvoirs ont –
elles ? Elle relève de la
déconcentration qui est en effet un pan de la décentralisation , mais qui est
une décentralisation administrative qui se définit comme étant l’action par laquelle la gestion administrative d’une région est
confiée à des agents nommés par le pouvoir central. Il n’y a pas de
transfert d’attribution du centre à la périphérie.
La réussite des élèves dépend en
majorité de l’enseignant. Sa mission prioritaire, c’est d’aider à réussir ou
réduire les échecs. De par sa manière de se comporter, face à ses élèves,
l’enseignant va favoriser ou non les progrès. Sa posture passe par
-
la
remise en question quotidienne, l’écoute, l’empathie, la disponibilité, la
patience et la persévérance
-
le
ton, l’intonation de la voix
-
les
attitudes du corps
-
le
regard positif posé sur chaque élève
-
la
façon de se déplacer ou d’investir l’espace pour maintenir le meilleur climat
possible avec les élèves
Si l’enseignant
fait attention à cela, il va aider les élèves, insuffler un climat de confiance
qui va pousser les élèves à aimer leur enseignant et donc à aimer sa
discipline. L’école doit être un lieu de socialisation et non de souffrance et
de moquerie.
Tous les élèves peuvent réussir si l’on améliore leurs
conditions de travail et de vie. Les coopératives scolaires sont un échec. Des
proviseurs véreux détournent les fonds de celles –c i et même des associations
des parents d’élèves. Que le processus d’impartition soit mis en place dans les
établissements compte tenu de l’essoufflement de l’Etat. Il consiste à confier
le transport des élèves et les cantines scolaires à des particuliers qui ne
font pas partie du système éducatif. Les enseignants doivent, chaque fois
qu’ils ont fini leurs cours, se remettre en cause et ne jamais avoir un
comportement narcissique. Ils sont les moteurs de la réussite de leurs élèves
et de ce fait doivent aussi répondre de leurs échecs. Il est aussi important
que l’Etat revoie les mécanismes de redoublement ou simplement annihile les
redoublements en mettant officiellement en place dans chaque établissement, des
aides personnalisées pour les plus faibles c’est- à-dire que les enseignants
sélectionnés doivent être payés. Les cours de soutien sont une véritable
escroquerie.
Hyanice Ivantsu BIGOUAGOU -DILOUSSA
Ancien proviseur à la retraite
Promoteur scolaire
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