Les résultats du baccalauréat
2012 à Mouila viennent confirmer la bonne santé du système éducatif dans la
province de la N’gounié. De 22.22% au premier tour, ils atteignent 68,76% au
final. Tous les admissibles, à l’exception d’une seule candidate, ont décroché
le sésame : 423/424. Ces résultats montrent que les chefs d’établissement,
moteurs de l’efficacité et de la réussite scolaires, ont bien joué leur
partition. Ils peuvent ainsi dormir tranquillement et surtout être certains de
rester à leur poste. En effet il y a quelques années, le ministère de
l’éducation nationale répétait aux chefs d’établissement que leur maintien au
poste dépendrait des résultats aux examens nationaux que sont le BEPC et le
BACCALAUREAT. Mais le fait d’avoir des
bons résultats aux examens suffit-il pour être un bon chef
d’établissement ? Est- ce une compétence liée à la direction d’un
établissement ?
Pour le parent, tel chef
d’établissement est bon parce que l’ établissement vient d’engranger des bons
résultats aux examens nationaux que sont le BEPC ou le BAC ou encore parce que
son enfant vient de réussir à ces examens. Certes le chef d’établissement est
au cœur des apprentissages et de la réussite des élèves mais le mérite devrait
d’abord revenir aux enseignants qui, au sein de la classe, par leurs
connaissances, leurs compétences, leurs attitudes et leurs relations améliorent
la qualité de l’enseignement. Ce qui se passe en classe dépend de ces facteurs.
Le chef d’établissement, bien évidemment influence ces différents facteurs de
qualité s’il sait faire régner un climat propice au travail en classe et à la
sérénité des élèves et des enseignants.
Aujourd’hui les tâches du chef
d’établissement se complexifient. Etre chef d’établissement devient un métier
plus difficile et plus complexe car, chaque jour, il doit faire face à une
multitude de sollicitations et aux problèmes de société : violence, drogue
et autres comportements déviants de la jeunesse. Ce métier est d’autant plus
difficile que le chef d’établissement va de la salle de classe à la direction
sans formation initiale. Les séminaires organisés par le ministère de
l’éducation nationale sont nécessaires et surtout utiles si le chef d’établissement
veut rester au cœur du développement de l’établissement scolaire et partant de
tout le système éducatif.
Le chef d’établissement doit être
à la fois un leader et un manager pour mieux gérer son établissement.
Le leader définit une vision et une
direction à long terme tout en développant une stratégie pour produire des
changements pour atteindre le but. Il transmet cette vision à son équipe qu’il
motive, enthousiasme et encourage.
Le manager définit les objectifs
annuels ou à court terme. Il planifie, organise le travail, décide, contrôle,
fait des budgets avec son intendant, résout les problèmes.
Or la plupart de nos chefs
d’établissements ne définissent pas une vision stratégique de leurs
établissements respectifs. Peu déterminent le projet d’établissement, associent
les adjoints et les parents à leur décision. Demandez à un chef d’établissement
quel but il veut atteindre. Il vous répondra : je veux avoir 60 à 75% au
BEPC et au BAC. Mais est-ce le seul
but ? Est – ce la seule mission de l’école ? En réalité le chef
d’établissement n’est pas à blâmer. Le ministre doit, à mon sens, envoyer des
lettres de mission aux chefs d’établissements et leur exiger des projets
d’établissement faits en concertation avec tous les enseignants, les élèves et
les parents d’élèves qui constituent la communauté éducative. L’école est
affaire de tous.
Les chefs d’établissement doivent
être formés non seulement sur le plan administratif et structurel mais aussi
sur le plan technique. Il est aujourd’hui impérieux qu’ils suivent cette formation si le
ministère veut atteindre la qualité de l’éducation. Pour favoriser un meilleur
climat scolaire et la bonne gouvernance en milieu scolaire et pour mieux former
les chefs d’établissement qui répondront efficacement aux attentes de la
société, le ministère devrait se pencher pendant ces séminaires sur l’approche
de Moisset et Toussain qui résument la direction d’établissement en sept pôles
ou champs de compétence :
1. La vision : le chef
d’établissement doit avoir une vision claire des objectifs de son établissement
et de son rôle. Il va nourrir une réflexion sur la conception de l’école et
détermine les valeurs éducatives à développer au sein de l’établissement.
2. La prise de décision : elle
est au cœur de l’acte d’administrer : capacités d’analyse, de synthèse et
de prendre des décisions.
3. La communication : c’est un
élément fédérateur dans le milieu scolaire. Le chef d’établissement doit
pouvoir s’exprimer clairement par oral et par écrit notamment lorsqu’il écrit
aux parents ou aux enseignants.
4. Le leadership : le chef
d’établissement doit être capable de mobiliser sa communauté autour d’une
vision et des objectifs communs. Il doit pouvoir promouvoir le développement
personnel des enseignants.
5. Les relations humaines : le
chef d’établissement doit favoriser la culture d’appartenance. Tous les membres
de la communauté éducative doivent se sentir solidaires, parties prenantes
appréciées et respectées, fonctionnellement complémentaires dans l’atteinte des
objectifs du projet d’établissement.
6. Le sens politique : le chef
d’établissement est au centre d’une multitude d’acteurs : élèves,
enseignants, parents, psychologue, infirmier…son rôle est de conciliation et de
coordination.
7. Le sens de l’organisation :
le chef d’établissement doit organiser le travail de manière à assurer le
fonctionnement de toute la structure organisationnelle.
Oui le fait d’avoir des bons
résultats est une compétence qui est en rapport avec le leadership pédagogique
mais cela ne doit pas être le seul but à atteindre par les chefs
d’établissement. Ils doivent comprendre
que nous vivons dans un monde en perpétuels changements et que de ce fait ils
doivent être des véritables agents de changement qui doivent prendre en compte
tous les problèmes qui surviennent dans leur milieu scolaire. Le chef
d’établissement est celui qui comme CHRIST est d’abord au service des autres et
non à son service propre. Tout en pensant que ces résultats procèdent du
travail des enseignants, des élèves et du dynamisme des chefs d’établissements,
je dis bravo et à l’année prochaine.
Le métier de chef d’établissement
est d’autant plus difficile qu’il est temps que le ministère de l’éducation
nationale pense à le professionnaliser, à lui trouver un statut juridique. Les
chefs d’établissement méritent d’avoir un corps à l’instar des corps de
conseillers et inspecteurs pédagogiques… Le Gabon aurait ainsi des véritables
professionnels et gestionnaires des établissements scolaires. Sources :
-
Le leadership des directions
d’établissement scolaire, Floriane G. LUTHI,
L’Harmattan 2010
-
Former les dirigeants de
l’éducation, Guy PELLETIER, Perspectives en Education, CANAD 1999
-
Réflexions sur l’éducation, KANT