mercredi 2 octobre 2019

LE CHEF D'ETABLISSEMENT CATHOLIQUE


     
  LE CHEF D’ETABLISSEMENT DE L’ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE

La présence de l’église dans le domaine scolaire se manifeste par l’école catholique. A la différence des autres écoles, l’école catholique vise à former intellectuellement, humainement et chrétiennement la jeunesse gabonaise ( Règlement intérieur de l’Enseignement privé catholique, article 2). Les Actes du Concile Vatican II, éditions du Cerf, Paris, pp.705 -709, précisent que « l’école catholique doit créer pour la communauté scolaire une atmosphère animée d’un esprit évangélique de liberté et de charité, aider les jeunes à développer leur personnalité. Aussi le Concile proclame – t-il le droit de l’église de fonder et de diriger des écoles de tous ordres et de tous degrés ». Le Pape Jean Paul II, dans son message envoyé aux participants de la 52ème Assemblée nationale de la Fédération des Instituts d’Activité éducative, demande à promouvoir la passion pour la vérité, l’amour pour la liberté en compagnie de Jésus Rédempteur, véritable Ami sur lequel ils peuvent compter. L’Accord entre le Saint Siège et la République gabonaise sur le statut de l’enseignement catholique est clair en son article 1 : «  l’Etat gabonais confirme la reconnaissance d’utilité publique, de droit, des institutions d’enseignement préscolaire, primaire, secondaire général et technique et professionnel créées sur son territoire par l’Eglise catholique ». La présence de l’école catholique au Gabon n’est donc pas fortuite. Elle répond aux besoins de formation des jeunes mais elle s’enracine dans l’évangile de Jésus Christ.
Dans cette communication, je vais traiter dans un premier temps de l’arrivée des missionnaires catholiques et de la création des établissements scolaires. Puis dans un deuxième temps, je vais m’appesantir sur le rôle que doit jouer le chef d’établissement catholique dans son milieu scolaire.
I.                   L’arrivée des missionnaires et la création des établissements scolaires
I.1. L’arrivée des missionnaires catholiques
Le début du 19ème siècle marque le renouveau de la spiritualité en Europe occidentale. La création des nouvelles congrégations missionnaires incite le départ massif des religieux pour l’Afrique.  Leur mission : évangéliser, civiliser et christianiser l’Afrique qui, à leurs yeux, n’a ni culture ni civilisation.
En septembre 1843, dix missionnaires dont le Père BESSIEUX quittent Bordeaux pour la Guinée. Après un séjour à Grand Bassam, le Père BESSIEUX et les frères Grégoire et Jean FABE arrivent au Gabon le 28 septembre 1944. Le lendemain il célèbre sa première messe en terre gabonaise sur un lopin de terre que le commandant BISSET lui a cédé. D’autres religieux débarquent ensuite à Libreville. Le 15 août 1846 arrivent les Pères BRIOT, LE BERRE et le frère MERCY. Ils continuent avec le Père BESSIEUX l’œuvre d’évangélisation et de scolarisation des populations tant dans l’estuaire du Como que dans l’hinterland.



 I.2.La création des établissements scolaires
Les premiers colonisateurs en Afrique ont à cette époque des préoccupations beaucoup plus commerciales que matérielles. Il s’agit de trouver des nouveaux marchés et territoires pour relever leur économie en crise. Mais ce n’est pas ce scramble sur l’Afrique qui introduit des mutations en Afrique. C’est plutôt l’école parce que quand les pionniers missionnaires y arrivent pour évangéliser et civiliser, ils se rendent compte que le meilleur moyen pour atteindre leurs objectifs reste l’école. Les missionnaires vont même construire l’école avant l’église dans certains milieux. Monseigneur Hinsley, au nom de Pie XI parcourant les lointains vicariats africains annonce « Là où il vous est impossible de mener de front l’œuvre d’évangélisation et l’œuvre scolaire, négligez vos chapelles pour perfectionner vos écoles ».La mission civilisatrice de ces missionnaires passe nécessairement par l’éducation pour lutter contre l’ignorance et la misère et pour mieux travailler les structures mentales des jeunes africains.  C’est ainsi qu’ils vont créer des centres scolaires, des cycles primaires, secondaires et professionnels.
Au Gabon,  l’éducation des garçons est sous la responsabilité des Pères de la congrégation du Saint Esprit (collège BESSIEUX) et des Frères de Saint Gabriel( collèges st Gabriel de Mouila, Angone d’Oyem, Montfort de LBV, Raponda Walker de POG, Adiwa de LRN, st Dominique de Moanda) alors que celle des filles est confiée aux Sœurs de l’Immaculée conception de Castres(IIC), des Sœurs Trinitaires( Val Marie) et de la Congrégation de Sainte Marie du Gabon( ND Quaben). Outre ces établissements, l’enseignement catholique ouvre dans les années ’70 les collèges Horizon de Tchibanga, Notre Dame de la Salette de Koulamoutou, St Hilaire devenu Jean Jérôme ADAM de FCV, st Félicien de Dibwangui. Aujourd’hui nous pouvons ajouter St Ambroise de Lastourville, Calazans de LBV, N.D de Victoire de Makokou…. Au départ toutes les écoles catholiques sont dirigées par les religieux. Mais à la fin des années’80 – 90, prêtres et religieux quittent les établissements. La crise des vocations oblige les évêques et les congrégations à un redéploiement des forces dans les champs apostoliques. Ils sont alors confiés aux laïcs.
II.                Le chef d’établissement catholique
Comme son homologue de l’enseignement public, le chef d’établissement catholique est investi de responsabilités prédéfinies tant sur les plans administratif, financier et humain. Cependant ses responsabilités sont de deux ordres. Les unes découlent des compétences prédéfinies par la tutelle qui est l’Education nationale. Les autres découlent de la mission ecclésiale de l’Enseignement catholique. Le chef d’établissement catholique doit se sentir en mission à l’image du Christ. Cette mission s’élève des profondeurs de l’être engagé. Elle est appel, exigence intérieure, fidélité profonde à soi-même, création et non simple exécution d’un rôle professionnel à assumer. En effet, le chef d’établissement :
-          dirige, c’est-à-dire est responsable dans une organisation et assume à ce titre des fonctions semblables à celles d’un chef d’entreprise. Il est manager
-          exerce cette responsabilité dans un milieu éducatif, porteur des valeurs et des contraintes propres
-          Dans le cas d’un établissement catholique, il dirige dans un milieu orienté par les finalités de l’Evangile
Ces trois domaines sont interdépendants mais distincts selon qu’on soit chef d’établissement du public ou catholique. Pour mieux comprendre l’action du chef d’établissement catholique, représentons la dans un schéma :
Octogone: Assurer la cohérence des pratiques et des finalités     PROMOUVOIR LE MESSAGE EVANGELIQUE DE LA COMMUNAUTE
 



L’établissement catholi

                                             DIRIGER EN MILIEU CATHOLIQUE

1.      Promouvoir le message évangélique pour la communauté
Le terme « communauté » fait référence à tous les acteurs de l’école : administration, enseignants, parents, apprenants. Le chef d’établissement catholique doit favoriser et organiser la proposition explicite de la foi, favoriser la vie sacramentelle, enraciner dans la vie la célébration du mystère du Christ. Il met en place la catéchèse, prend toutes les mesures pour faciliter la libre introduction des jeunes à la vie sacramentelle. Il doit pour cela, comme exemple, prendre les sacrements de l’Eglise, et enfin organiser des célébrations de rentrée et de fin d’année et encourager la visite des autorités religieuses dans l’établissement. Il a la responsabilité pastorale.
2.      Fonder l’action éducative dans la préoccupation de l’humanisme
Le chef d’établissement catholique doit créer les conditions de l’écoute et de l’accueil des personnes, veiller à ce que l’enseignement intègre la dimension religieuse et à ce que les activités intègrent la dimension religieuse. Il veille à ordonner le règlement, les habitudes et les pratiques. Il cultive la tolérance, le dialogue, l’écoute, conditions sine qua non permettant à chacun de se sentir respecté et reconnu sans discrimination. Il légitime les échanges inter-confessionnels.
3.      Assurer la cohérence des pratiques avec les finalités proclamées
Le chef d’établissement catholique doit favoriser l’existence et la visibilité d’une communauté chrétienne agissante, assumer les risques de la proposition chrétienne devant les partenaires et organiser l’interpellation des pratiques par le message évangélique. Il détermine la position de chacun dans l’établissement et n’encourage pas de ce fait l’exclusion. C’est pourquoi il va permettre l’existence d’une communauté chrétienne, des mouvements et des fêtes spirituelles et amicales. Le chef d’établissement catholique veille à la cohérence des activités des divers groupements et participe normalement à leurs réunions. Il met aussi au centre de ses préoccupations la réussite des élèves. Il cherche à mettre en place les mécanismes d’aide aux élèves en difficulté.


Si les chefs d’établissement actuels, tous laïcs après le retrait des religieux, respectent les recommandations de la conférence épiscopale, les établissements catholiques retrouveront leur lustre d’antan. Le chef d’établissement catholique doit être le miroir de son institution. Comment voulez – vous que les enseignants et les élèves aillent à la messe ou prennent les sacrements quand le chef d’établissement est d’une autre confession ? L’école catholique aujourd’hui n’est plus que l’ombre d’elle – même : plus de prière avant les cours, plus de discipline alors que c’est la pierre angulaire de tout bon fonctionnement, plus de mouvements catholiques à l’école, plus de visite du curé, de la religieuse ou même de l’évêque comme le faisaient en leur temps Mgrs DE LAMOUREYRE et MAKOUAKA. L’école et le chef d’établissement sont abandonnés à eux – mêmes. Il est temps que l’Eglise reprenne en main sa mission : évangéliser et éduquer. Mais comment le faire ? La première chose est de nommer à cette fonction les enseignants catholiques convaincus prenant les sacrements. La deuxième c’est de les former. On ne peut se prévaloir pilote ou médecin sans formation préalable. A défaut d’inclure des modules dans les écoles de formation que sont l’ENS et l’ENIC, le chef d’établissement catholique peut bénéficier d’une formation continue pendant les vacances de Noel et de  Pâques  qui porterait sur :
-          La spécificité de l’enseignement catholique
-          La pastorale scolaire
-          La démarche de projet ( projet éducatif et projet d’établissement)
-          La relation éducative
-          La pédagogie de projet
-          Le leadership
-          Le partenariat
Tout ceci doit se faire en rapport avec l’Evangile. En effet, le chef d’établissement catholique doit reconnaître que l’Evangile exprime la béatitude de la pauvreté, de la justice, du pardon ; valeurs qui l’interpellent à être conscient et responsable de soi et surtout des autres.

Bibliographie

France ROLLIN, Référentiel de métier du chef d’établissement, Chronique Sociale, décembre 1992
Marcus NDONGMO, Education scolaire et lien social en Afrique noire, L’Harmattan
Accord entre le Saint-Siège et la République gabonaise sur le statut de l’ens.catholique
Règlement intérieur de l’enseignement catholique

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