CLASSES de 5ème année
et 3ème ; REDOUBLEMENT UNE INJUSTICE
Dans notre système éducatif, le redoublement est considéré comme un outil de lutte contre l’échec scolaire alors qu’il constitue une course d’obstacles et un instrument de sélection naturelle ou encore une entrave à la scolarisation. On considère qu’à chaque classe et niveau d’éducation, correspond une norme qualitative à atteindre. Quand l’élève n’a pas atteint cette norme malgré ses dispositions intellectuelles et sa participation aux cours, il est appelé à reprendre la classe. Or, les pays comme le Zimbabwe, la Tanzanie ou le Botswana où la pratique de la promotion automatique est marquée mettent des mesures de soutien ou de rattrapage aux élèves en difficulté avec l’aide d’un psychologue ou d’une assistante sociale bien différemment des cours de soutien organisés pendant la période des vacances par les enseignants en quête d’argent..
Au Gabon, le redoublement est familier et naturel. Le but premier est d’aider les élèves en situation d’échec. En fait, il est une entrave à la scolarisation universelle et à l’Education Pour Tous ( EPT). Il a des implications sur les enfants et les parents et même sur l’Etat :
Ø Faire répéter la classe, c’est deux années au lieu d’une année pour acquérir les connaissances prévues
Ø Faire répéter la classe, ce sont les ressources supplémentaires au moment où les frais d’écolage sont exorbitants. Les familles pauvres restent interdites
Ø Faire répéter la classe, c’est pousser l’élève à quitter l’école
Le redoublement est un mirage pédagogique pour toutes les classes mais surtout pour les élèves en fin de cycle tels ceux de 5ème année du primaire et de 3ème du secondaire. Il n’améliore pas leurs performances et progressions scolaires. Ils sont enclins à paresser . il masque les difficultés d’apprentissage sans y remédier et donne une fausse impression d’efficacité et de qualité de l’éducation.
Le redoublement, pour ces élèves du primaire et du secondaire, est injuste. Pourquoi ne pas pratiquer la promotion automatique comme on le fait pour les élèves des classes de Terminale ? De plus , ils changent de cycle. Les diplômes de CEPE et du BEPC devraient leur permettre d’accéder aux niveaux supérieurs c’est-à-dire en 6ème et en 2de au lieu de les faire redoubler. L’expérience a même montré que la plupart sont exclus en fin d’année. Proviseur du collège Val Marie de 1996 à 2006, j’admettais en 2de tous ceux qui avaient le BEPC. Je peux vous assurer que tous ont réalisé une scolarité sans faute et décrochaient le baccalauréat au bout de trois ans.
Il est temps de mettre au rebut ce legs colonial qu’est le redoublement. En Europe, la France et le Portugal et en Afrique , le Gabon sont les pays où le redoublement a le taux le plus élevé. Meme si la majorité des enseignants demeurent convaincus de l’efficacité du redoublement, il est loin de résoudre les problèmes d’apprentissage. Monsieur Jean EYENE BEKALE, Directeur Général des examens et concours avait, le 04 octobre 2013, pris la décision portant admission en classe de seconde des élèves de troisième titulaires du BEPC. Je me souviens que le Ministre actuel de l’Education nationale avait pris la même décision l’année dernière. Pourquoi ne plus appliquer cette décision ? Ces élèves n’ont-ils pas donné satisfaction dans leur classe ?
Je pense que les élèves admis au CEPE et au BEPC méritent de changer de cycle au même titre que les élèves des classes de Terminale qui vont au supérieur même avec une moyenne annuelle de 03/20.
Hyanice Ivantsu BIGOUAGOU DILOUSSA
Enseignant à la retraite
Ancien proviseur des lycées
Promoteur scolaire du Lycée privé Germain DILOUSSA
MOUILA - GABON -