Le chef d'établissement catholique et la pastorale
Aujourd’hui
nous vivons dans un monde pluriculturel et pluri-scolaire. Dans ce contexte,
chaque partenaire éducatif : Etat, privés, religion-doit affiner et approfondir
sa spécificité. L’église catholique ne peut échapper à cette exigence. Elle veut
montrer que l’école catholique est d’abord un espace public qui rend un service
public à l’humanité et à la société civile pour un mieux- vivre ensemble. Ce qui
différencie l’école catholique des autres, c’est sa référence à l’Evangile et
au Christ qui occupent d’ailleurs une place de choix dans le projet éducatif.
Il se traduit essentiellement dans les moyens requis et mis en œuvre pour
proposer la foi catholique et animer la communauté éducative. Pour éduquer un
enfant il faut l’aimer et donc l’éducation n’est rien d’autre qu’un
apprentissage d’amour. Et le chef d’établissement catholique doit être au cœur de
cet amour en favorisant la mise en place du temps de catéchèse et l’ouverture
des membres de la communauté éducative à la dimension spirituelle, en proposant
un éveil religieux et en permettant aux enfants de grandir en humanité.
Aussi
comprenez – vous qu’outre les rôles administratif, matériel , financier,
pédagogique, le chef d’établissement catholique doit animer la pastorale
scolaire. Il évolue dans un milieu réligieux. Il doit vivre sa chrétienté et la
partager aux autres. Comment ? Trois fonctions sont essentielles :
Annoncer
Dieu
révélé par Jésus Christ
Le
temps passé dans l’enseignement catholique doit apporter à chaque jeune une
possibilité privilégiée dans sa vie, de lui faire rencontrer le Christ, ou tout
au moins de lui permettre d’entendre écho de la Bonne Nouvelle.
L’annonce
de la Parole doit viser à instaurer un climat d’épanouissement et de paix
établi sur la vision de générosité, de confiance respectueuse et d’espérance de
chacun. L’Ecole catholique est un lieu où une première annonce de l’Evangile peut être explicitement adressée à
tous, dans le respect des convictions de chacun, et sans préjuger de la
réponse. Cette première annonce peut
se comparer aux discours de Pierre dans les Actes des Apôtres. Elle doit
permettre un dialogue régulier et organisé.
C’est
le rôle du chef d’établissement catholique de veiller à ce que les élèves aient
un enseignement des faits religieux
SERVIR
Par l’éducation, servir l’homme.
Le
projet de l’enseignement catholique c’est la promotion d’une personne autonome,
responsable et au service des autres :
Chaque
établissement doit répondre à cette exigence par l’attention qu’il porte à chacun
et par la définition d’un projet éducatif référé à l’Evangile. A la suite du
Christ chacun est appelé à découvrir sa vocation humaine et spirituelle de fils
de Dieu et de frère des hommes.L’éducation promeut la personne en lui
permettant de participer à sa propre construction. Il appartient au chef d’établissement
de faire en sorte que chaque membre de la communauté éducative participe à ce
projet où chacun est appelé à grandir pour se mettre au service de ses frères.De ce
fait le chef d’établissement catholique doit :
· Inscrire le règlement intérieur
dans le projet éducatif. Il est écrit et vécu dans le respect de la personne
(des élèves vers les adultes et des adultes vers les élèves).
· Faire vivre les instances de
dialogue :
Avec les élèves, celles où ils
peuvent s’exprimer et prendre des responsabilités (par exemple en donnant de la
réalité à la fonction de délégué élève, en créant des conseils des délégués, en
donnant aux enfants la gestion de la coopérative, en mettant sur pied une
association des parents d’élèves).
·
Eduquer à l’universel
Les actions de solidarité internationale,
les réflexions thématiques (autour du développement durable, de la
mondialisation, du commerce équitable…..) doivent s’inscrire dans le projet de
l’établissement afin de leur donner toute la mesure d’une action éducative. Cette
dimension de l’éducation au développement et de l’ouverture à l’universel en
enseignement catholique donne un sens à la lumière de l’Evangile :Travailler à
l’avenir d’un monde meilleur et à entretenir l’indignation devant l’injustice, éduquer
au respect des différences.
Célébrer
Rejoindre le temps de Dieu.
Célébrer
pour créer un espace communautaire ouvert :
Toute
communauté humaine et toute communauté chrétienne se retrouve à l’occasion de
célébrations. Dans nos établissements catholiques, célébrer en petits ou en
grands groupes c’est créer une chance de faire vivre un espace communautaire
ouvert. C’est se donner un temps et un espace pour des signes de fraternité,
pour le partage de la parole, pour l’appel à la vie intérieure et l’ouverture à
la prière. Célébrer, c’est se donner une occasion de rejoindre le temps de la fidélité,
le temps de Dieu.
De ce
fait le chef d’établissement catholique doit rythmer l’année scolaire par le calendrier liturgique:
A chaque grande fête de l’Eglise, il doit s’interroger sur les moyens de la marquer dans
la vie de l’établissement par des célébrations au moment des temps forts de
l’année scolaire et notamment au moment de la rentrée et de la clôture de l’année
scolaire. Ces célébrations doivent être
ouvertes à tous, sans obligation de célébration eucharistique mais avec l’idée
de proposer du sens. Le chef d’établissement est tenu de prendre la parole en
conformité à sa mission ou pour remercier toute la communauté éducative qui l’a
aidé dans sa tâche si complexe.
Toutes ces valeurs ont
malheureusement disparu. Aujourd’hui l’on ne perçoit plus de différence entre l’école
catholique et les autres. Tous les maux – violence, drogue, prostitution,
incivisme – pénètrent chaque jour dans les écoles catholiques. Les résultats
sont mauvais. Toutes les vertus
théologales comme la foi, l’espérance, la charité et morales cardinales comme la
justice, la tempérance, la force, le goût de l’effort et du travail bien fait ont
aussi disparu. Les raisons sont tout simples :
·
Les
chefs d’établissement ne sont pas chrétiens ou s’ils le sont, ils ne confessent
pas la foi catholique
·
Le
recrutement des enseignants est fait par le ministère de l’éducation nationale.
·
La
direction nationale de l’enseignement privé catholique ne maîtrise pas les
enseignants qu’elle ne connaît d’ailleurs que superficiellement.
·
La
catéchèse n’est plus enseignée si tant est que les enseignants sont musulmans
ou des églises éveillées
·
La
prière, lieu de communion, n’est plus obligatoire
·
Les
religieux ont déserté les établissements au motif qu’ils ne se reconnaissent
plus dans ce qui se fait.
A mon sens, pour remédier à cette
situation, pour que l’école catholique mérite de nouveau la confiance des
parents, la conférence épiscopale doit revoir les critères de nomination aux
fonctions de chef d’établissement et envoyer une lettre de mission à ceux-là
qui sont promus en insistant sur la dimension pastorale. Elle doit aussi
engager des discussions avec le ministère de l’éducation nationale pour que
soit respecté l’esprit de l’accord cadre signé entre le Vatican et l’Etat
gabonais.