Dans sa parution n°971
du jeudi 09 août 2012, le
quotidien GABON MATIN nous présente le classement par établissement fait par le
ministère de l’éducation nationale à l’issue du baccalauréat, session de
juillet 2012. C’est une bonne initiative car celui –ci montre les établissements efficaces et les
inefficaces pour ainsi dire. Il permet aussi de déterminer les bons et les
mauvais chefs d’établissement. Les résultats aux examens nationaux sont une
mesure d’évaluation. Un chef d’établissement est considéré comme bon lorsque
son établissement a des bons résultats singulièrement aux examens.
A la suite de Jomtien et de Dakar, les Assises francophones
de la gestion scolaire de Madagascar d’avril 2006 ont insisté sur
l’amélioration de la qualité de l’éducation et de la gestion scolaire. Le terme
de « qualité » implique non seulement l’acquisition des
connaissances et des compétences mais aussi une égalité d’accès à une égalité
de traitement et à une égalité de résultats. Les mesures ou indicateurs de
qualité sont ainsi :
1)
Le
maintien des enfants inscrits c’est-à-dire un faible taux d’abandon et un taux
élevé d’achèvement
2)
La
proportion d’enfants atteignant leurs cibles d’apprentissage
3)
Les
écarts des résultats d’apprentissage entre écoles pour notre cas.
Depuis les états généraux de mai 2010, le ministère de
l’éducation ne cesse de parler d’éducation de qualité et d’amélioration des
résultats. Les résultats au bac de cette année sont plus que satisfaisants mais
cela nous permet –il de conclure que le système éducatif gabonais sort enfin
des sentiers battus et que de ce fait la gestion scolaire est bien entamée ?
« La gestion
scolaire se définit comme l’exercice de l’autorité politique, économique,
administrative et pédagogique dans le cadre de la gouvernance de l’école. Elle
est également l’ensemble des activités qui font le lien entre la sphère des
politiques éducatives et celle des résultats obtenus, entre les ressources et
les acquisitions scolaires »( Pour une dynamique de la
gestion scolaire, CONFEMEN, p.12)
Au regard de cette définition, je peux m’autoriser à dire
qu’il existe beaucoup de disparités entre établissements. Le classement fait
par le ministère de l’éducation n’est pas en conséquence objectif parce que
l’on ne peut comparer que deux choses bénéficiant des mêmes avantages. Tous les
établissements ne sont pas logés à la même enseigne. L’inégalité des
résultats entre établissements que nous
avons observée relève d’iniquités dans la répartition et l’utilisation des
ressources humaines, matérielles et même financières. Il n’y a point d’équité.
Le terme « équité » est synonyme de justice, de raison et
d’impartialité dans l’octroi des chances d’apprentissage alors que celui
« d’iniquité » signifie injustice provoquée par la négligence, la
partialité ou par des décisions malavisées. La plupart des établissements
publics qui ont des bons résultats bénéficient des meilleurs bâtiments,
d’équipements mieux conçus, d’enseignants plus nombreux, plus fiables, plus
compétents, plus motivés et des ressources pédagogiques suffisantes et où le
chef d’établissement pratique le leadership transformationnel et distribué.
L’on ne peut pas comparer le lycée national Léon Mba au lycée Didier ROGUET de
Lébamba même si celui –ci a des bons résultats grâce au leadership et au
dynamisme du chef d’établissement. Ce lycée n’a pas de laboratoire, de
bibliothèque adéquat, de manuels scolaires et manque des professeurs dans les
disciplines principales. Sur le plan financier, le ministère alloue une
subvention vingt fois plus importante que le lycée Didier ROGUET. En ce qui
concerne l’enseignement confessionnel catholique, je me permets de tirer les
mêmes enseignements et conséquences même si ses établissements se placent parmi
les meilleurs du pays. Les résultats procèdent de la bonne gouvernance des
chefs d’établissement par la mise en œuvre et la pratique du leadership éthique
ou moral. Il n’y a pas non plus d’équité dans l’allocation des ressources
humaines. Quels résultats peut aujourd’hui avoir le collège Val Marie quand il
ne fonctionne qu’avec des vacataires ?
J’apprécie tous les efforts que fait le ministère de
l’éducation nationale pour améliorer la qualité de la gestion et les résultats scolaires. L’excellence dont
le ministre vante à chaque sortie passe par:
1)
La
répartition équitable et judicieuse des ressources humaines, matérielles et
financières
2)
La
fourniture effective d’un livre pour chaque élève et pour chaque discipline
3)
La
formation continue des enseignants et des chefs d’établissement
4)
La
suppression des frais d’écolage dans tous les établissements même privés
reconnus d’utilité publique
5)
La
prise en charge de tous les enfants gabonais inscrits dans les établissements
publics et privés reconnus d’utilité publique par le gouvernement
6)
La
fermeture ou le contrôle accru des établissements privés non reconnus d’utilité
publique par les conseillers et inspecteurs pédagogiques du ministère de
l’éducation nationale. L’éducation doit cesser d’être marchandée.
7)
Le
transfert des pouvoirs : recrutement, nomination, sanctions aux D.A.P
Je suis convaincu que si ces conditions sont réunies, le
ministère pourra ainsi perfectionner et rationaliser la gestion scolaire dans
notre pays en terme d’efficience, d’efficacité et de qualité. Il pourra aussi
librement et objectivement comparer les résultats entre établissements et
distribuer les bons et mauvais points aux chefs d’établissement. Pour l’heure,
le classement n’est pas du tout objectif parce que beaucoup d’établissements
publics et privés reconnus d’utilité publique principalement ceux de
l’intérieur sont abandonnés à eux – mêmes et fonctionnent difficilement.
Bibliographie :
-
Pour une nouvelle dynamique de la
gestion scolaire, CONFEMEN, Dakar 2007
-
Le défi de l’apprentissage,
L’Harmattan, 2003